EXPÉDITION GOMBESSA 5 PLANÈTE MÉDITERRANÉE : UNE MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA ZONE CRÉPUSCULAIRE (1/5)

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 «  Méditerranée. Parce que les hommes y voyagent depuis des millénaires, on la croit sans secrets. Parce qu’ils l’ont conquise et maltraitée, on la croit dévastée. Le berceau de nos civilisations serait devenu la poubelle de nos sociétés. Mais pire encore que la triste réalité, il y a le rêve meurtri : le calme de ses golfes clairs aurait fait taire l’appel du large. Vendue comme lieu de villégiature, elle n’incarnerait plus l’aventure… Et pourtant, si le tourisme peut tuer l’exotisme – et la pollution tout le reste – la Méditerranée est toujours une mer vivante, et elle est encore une mer à explorer. À seulement 100 m sous sa surface et quelques centaines de mètres de la côte, se cachent de vastes territoires sous-marins pratiquement vierges de toute connaissance scientifique. La zone crépusculaire, du fait de son accès difficile au plongeur traditionnel, est méconnue. Pourtant, elle pourrait être essentielle au fonctionnement des écosystèmes méditerranéens et représente un fabuleux potentiel de découvertes naturalistes. Si plonger à de telles profondeurs est toujours un challenge, y séjourner est un fantasme ; une utopie qui est devenue réalité au cours de la mission Gombessa 5. »

Laurent Ballesta – Biologiste et photographe sous-marin – Directeur des expéditions Gombessa – Andromède Océanologie

[ 1 ] PRESENTATION DE LA MISSION

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Le tombant du Cap Taillat, © Laurent Ballesta

SURVEILLANCE DE LA ZONE CRÉPUSCULAIRE

Considérée comme point chaud de biodiversité, la mer Méditerranée abrite 7 à 8 % des espèces marines connues alors qu’elle ne représente que 0,7 % des mers et océans. 20 % de cette biodiversité est abritée par le coralligène (1800 espèces associées), écosystème-clé de Méditerranée observé entre -12 et -120 m. Certains récifs coralligènes, méconnus car difficilement accessibles, se trouvent dans la zone dite mésophotique (appelée aussi « crépusculaire » car peu éclairée).

Les particularités de la zone crépusculaire

La zone crépusculaire correspond aux fonds marins où parvient moins d’1 % de la lumière de la surface. Sa profondeur lui fait bénéficier de conditions plus stables : au-delà de - 60 m, la température en Méditerranée est la même toute l’année (environ 13°C) alors que près de la surface elle peut varier de 20°C entre l’été et l’hiver. Cette stabilité est propice à la croissance des invertébrés fixés. Son éloignement de la surface en fait une zone plus protégée des évènements extrêmes (canicule, tempêtes avec vagues et houle) et des pressions humaines (trafic maritime, pollution sonore, aménagements, pêche artisanale et de loisir, pollution, mouillage de bateaux…). Moins sujette au réchauffement global, cette zone profonde pourrait être un refuge pour les espèces qui ne trouvent plus dans les couches supérieures les conditions nécessaires à leur survie

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Le tombant des Américains Est, © Laurent Ballesta

 Qu’est-ce que le coralligène ?

Les récifs coralligènes se développent, selon la transparence de l’eau, sous forme de massifs ou de tombants verticaux. Ils sont constitués d’un patchwork complexe de micro-habitats et d’espèces dont la richesse, la biomasse et la productivité équivalent à celles des assemblages de récifs tropicaux. Ils sont parmi les habitats les plus importants en raison de divers atouts : large distribution, complexité structurelle, diversité en espèces, rôle dans le flux d’énergie et le cycle du carbone, valeur économique.

Les beachrocks de Cassis (1) ; St Martin profond (2), © Laurent Ballesta

La surveillance du coralligène en Méditerranée française

La surveillance des récifs coralligènes est réalisée tous les trois ans sur 150 stations de référence réparties le long du littoral français méditerranéen dans le cadre du réseau de surveillance RECOR (REseau CORalligène).

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PLANÈTE MÉDITERRANÉE, DANS LA LIGNÉE DES EXPÉDITIONS GOMBESSA

En juillet 2019, quatre plongeurs ont vécu confinés dans une station pressurisée pour étudier la zone crépusculaire méditerranéenne entre Marseille et Monaco. Ces plongeurs ont été les premiers à allier plongée autonome en recycleur et plongée à saturation. En s’affranchissant des paliers de décompression quotidiens, ce nouveau moyen de plongée a permis d’appliquer des protocoles scientifiques complexes sur les écosystèmes profonds, principalement sur les récifs coralligènes. La mission itinérante « Gombessa 5 : Planète Méditerranée » regroupe ainsi les trois valeurs propres aux expéditions Gombessa : un défi de plongée à relever, un mystère scientifique à résoudre et une promesse d’images à ramener.

Les photographies proposées ne sont pas libres de droits et les crédits respectifs doivent être respectés.

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