EXPÉDITION GOMBESSA 5 PLANÈTE MÉDITERRANÉE : UNE MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA ZONE CRÉPUSCULAIRE (2/5)
« Méditerranée. Parce que les hommes y voyagent depuis des millénaires, on la croit sans secrets. Parce qu’ils l’ont conquise et maltraitée, on la croit dévastée. Le berceau de nos civilisations serait devenu la poubelle de nos sociétés. Mais pire encore que la triste réalité, il y a le rêve meurtri : le calme de ses golfes clairs aurait fait taire l’appel du large. Vendue comme lieu de villégiature, elle n’incarnerait plus l’aventure… Et pourtant, si le tourisme peut tuer l’exotisme – et la pollution tout le reste – la Méditerranée est toujours une mer vivante, et elle est encore une mer à explorer. À seulement 100 m sous sa surface et quelques centaines de mètres de la côte, se cachent de vastes territoires sous-marins pratiquement vierges de toute connaissance scientifique. La zone crépusculaire, du fait de son accès difficile au plongeur traditionnel, est méconnue. Pourtant, elle pourrait être essentielle au fonctionnement des écosystèmes méditerranéens et représente un fabuleux potentiel de découvertes naturalistes. Si plonger à de telles profondeurs est toujours un challenge, y séjourner est un fantasme ; une utopie qui est devenue réalité au cours de la mission Gombessa 5. »
Laurent Ballesta – Biologiste et photographe sous-marin – Directeur des expéditions Gombessa – Andromède Océanologie
[ 2 ] LES ETAPES DE L’EXPEDITION GOMBESSA 5
Cartographier les zones profondes en amont de l’expédition
Pour préparer les plongées à saturation une cartographie précise des zones à explorer (entre - 60 et 150 m) était nécessaire. Une campagne d’acquisition bathymétrique a donc spécialement été réalisée en amont de l’expédition Gombessa 5. Cette campagne au sondeur multifaisceaux, soutenue par l’Agence de l’eau RMC, a été menée en avril 2019 avec le catamaran d’Andromède Océanologie : le ZEMBRA. 1270 hectares d’acquisitions bathymétriques ont permis d’établir une liste d’une quarantaine de sites à explorer, en fonction de plusieurs critères : présence de différentes catégories d’habitats (tombants de coralligène, massifs et bancs profonds), localisation dans et hors des aires marines protégées, de débouchés d’émissaires urbains, d’épaves. L’ensemble de ces données cartographiques est intégré à la cartographie continue des habitats marins réalisée et actualisée dans le cadre du réseau de surveillance SURFSTAT. Les données cartographiques des habitats marins sont visibles sur la plateforme MEDTRIX.
Ce Modèle Numérique de Terrain (MNT) situe les reliefs du tombant des Américains à Nice. Les zones les plus profondes apparaissent en bleu et les moins profondes apparaissent en rouge. Le point rouge à - 142 m sera le lieu choisi de descente des plongeurs avec la tourelle afin d’explorer les reliefs au Sud-Est et le tombant au Nord. L’acquisition de données bathymétriques nous permet d’obtenir, dans un premier temps, un nuage de points précis du site en 3 dimensions puis de générer le modèle associé (images ci-dessous – même symbologie que précédemment). Ces vues en trois dimensions permettent d’anticiper les zones à explorer en fonction des reliefs. Elles sont réalisées à l’aide du logiciel de télédétection CloudCompare.
Les photographies proposées ne sont pas libres de droits et les crédits respectifs doivent être respectés.