RESPIRE : LE RÉSEAU DE SURVEILLANCE LARVAIRE EN MEDITERRANÉE
Soucieuse de caractériser les populations de poissons côtiers et de renforcer sa connaissance sur leur cycle biologique, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a initié, en 2014 et en collaboration avec Ecocean, le réseau de surveillance RESPIRE. Animé par le laboratoire CEFREM de l’Université de Perpignan, ce réseau est déployé dans le but de décrire l’évolution spatio-temporelle du recrutement de poissons sur les côtes de la Méditerranée.
Débutés en 2015, les suivis sont réalisés sur 23 sites, répartis sur toute la côte méditerranéenne française avec un site de comparaison au Maroc. Ces suivis sont réalisés essentiellement sur des unités d’observation standardisées identifiées comme nurseries artificielles dans des ports de plaisance (reconnus dans la littérature comme des zones de nurseries), mais également sur des zones à l’interface entre le port et l’extérieur du port ainsi qu’en zones naturelles.
Juvéniles de sparaillon (Diplodus annularis) (© Remy DUBAS)
Le réseau RESPIRE ne vise pas l’évaluation exhaustive des assemblages de jeunes poissons.A l’image d’autres dispositifs de surveillance, il permet d’avoir une représentation, la plus pertinente possible, des post-larves et juvéniles de l’année, dont l’écologie reste peu connue et fait actuellement l’objet de nouvelles recherches plus approfondies. Le réseau permet également de :
- Disposer d’un support de connaissance et de recherche ainsi que de documents de référence sur l’état du recrutement ichtyque du pourtour littoral méditerranéen ;
- Travailler sur la dynamique des populations des espèces adultes dans la zone côtière ;
- Contribuer à la tratégie de restauration écologique des zones de nurserie côtières altérées.
Au cours de l’année 2018, 231 suivis ont été réalisés pour près de 420 heures de comptage. Cela a permis le recensement de 27 000 individus, appartenant à environ 60 espèces différentes de poissons. Parmi elles figurent notamment des espèces d’intérêts patrimonial et halieutique comme les loups, les sars, les anguilles, les mérous, les hippocampes et les syngnathes.
Juvéniles de mérou brun (Epinephelus marginatus) (© Amélie FONTCUBERTA).
L’analyse de ces résultats a montré certaines tendances biologiques, à commencer par une grande variabilité interannuelle de toutes les espèces observées. Une répartition spatiale différente des individus, en fonction de leur espèce mais également de leur stade de développement, a également été relevée. Enfin, d’autres tendances comme la colonisation de certaines espèces plus marquée à l’est qu’à l’ouest de la Méditerranée, a également été soulignée. Ces résultats seront bien sûr à confirmer dans les prochaines années.
Sur la base du retour d’expérience du premier cycle, la surveillance du second cycle qui s’engagera en mars 2019 évoluera sur sa stratégie spatiale et temporelle
Anaïs Gudefin et Amélie Fontcuberta, Ecocéan