SURVEILLANCE DE LA CONTAMINATION CHIMIQUE DANS LES SÉDIMENTS : LA CAMPAGNE ROCCH SÉDIMENT 2016
Le Réseau d’Observation de la Contamination Chimique (ROCCh) structure depuis 1974 le suivi des niveaux de contamination chimique côtière dans les matrices biote et sédiment pour répondre aux obligations de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) et des Conventions OSPAR et Barcelone. En Méditerranée le réseau RINBIO compléte le dispositif en utilisant la technique des transplants de moules, pour pallier au déficit de population naturelles de moules et suivre l’ensemble des masses d’eau à l’échelle de la façade.
La campagne ROCCh sédiment 2016 est la 21ème campagne « moderne » dédiée à la surveillance chimique du littoral en métropole via les sédiments. Le principe repose sur la propriété de nombreux composés à se fixer d’une manière quasi-irréversible à la surface des particules. En fonction des vitesses de sédimentation, des remises en suspension, de la bioturbation, etc., le premier centimètre superficiel des sédiments peut intégrer plusieurs années de contamination. Ainsi, il n’est pas nécessaire de visiter fréquemment un même lieu et le cycle de retour sur les stations est de six ans, en lien avec les plans de gestion des Agences de l’Eau.
Navire Océanographique N/O L’Europe (© Ifremer – Stéphane LESBATS)
La campagne s’est déroulée du 12 au 23 avril 2016 à bord du N/O l’Europe et a permis, avec le soutien de l’Agence de l’eau RMC, de suivre l’ensemble des masses d’eau du contrôle de surveillance DCE et les zones situées au droit des principales rivières. Les prélèvements ont été effectués à l’aide d’un carottier boîte Reineck pour garder la stratification du sédiment.
Carottier boîte Reineck (© Ifremer – Stéphane LESBATS)
59 stations ont été échantillonnées de Banyuls à Menton et tout autour de la Corse. Les analyses des métaux, contaminants organiques, de la granulométrie et de paramètres permettant la normalisation des résultats ont été effectuées en laboratoire agréés, l’ensemble des données bancarisées dans la base de données nationale Quadrige².
Sur les 87 molécules ou congénères recherchés (75 composés organiques et 12 métaux), 37 ont pu être quantifiés et ont permis d’identifier six zones géographiques présentant des niveaux de contamination élevés :
- La zone de Marseille au sens large (métaux) avec des valeurs extrêmes devant l’émissaire de Cortiou (métaux et PCB),
- La grande rade de Toulon pour les HAP,
- La rade de Villefranche pour les métaux et les HAP,
- Le Cap Corse pour les métaux (origine naturelle) avec un point chaud autour de la mine de Canari (origine industrielle),
- La zone de Bastia pour les HAP,
- Le Goulet de Bonifacio pour les métaux.
Le ROCCHSED permet d’apporter une lecture complémentaire des risques chimiques à l’échelle de la façade pour certaines molécules, comme les HAP, faiblement bioaccumulables et seulement détectables à de fortes concentrations par le RINBIO. Pourtant, les effets néfastes des HAP sur les organismes, en particulier benthiques, sont très largement documentés. Les résultats de cette campagne seront abondés par la campagne 2017 qui a porté sur les lagunes des trois régions et par une évaluation du potentiel écotoxique des eaux intersitielles des échantillons basée sur un test normalisé d’inhibition de la croissance larvaire de mollusque.
Bruno Andral et Marc Bouchoucha