PROJET RECOVERY : ETUDE DE LA RECOLONISATION DES HERBIERS DE POSIDONIE EN MEDITERRANEE FRANCAISE #18
Les herbiers sous-marins sont des écosystèmes qui ont des rôles écologiques et économiques majeurs mais connaissent toutefois un déclin à l’échelle mondiale sous l’effet du changement climatique global et des activités humaines. La nécessité de prévoir à la fois la perte et le rétablissement des herbiers marins devient un enjeu social et économique majeur.
Le projet RECOVERY a été lancé en 2021 par Andromède Océanologie, en partenariat avec l’Agence de l’eau RMC. Il vise à étudier le phénomène de recolonisation de l’herbier à grande et petite échelle spatiale en région Sud.
Dans un premier temps, une analyse à grande échelle des secteurs de recolonisation en région Sud est faite (inventaire précis, caractérisation des conditions physico-chimiques et du niveau de pressions anthropiques). Des « atolls » (taches circulaires parfois moins denses en leur centre) ont ainsi été mises en évidence sur les mosaïques sonar acquises en région Sud en 2020 (réseau SURFSTAT) au niveau de 116 zones localisées entre Marseille et Villefranche sur Mer. Les surfaces de ces zones de recolonisation sont variables, évaluées entre 767 m² à 44 ha. En modélisant certaines variables environnementales et descripteurs de pressions anthropiques, les zones de recolonisation observées mettent en évidence un lien entre la présence de « atolls » et certaines variables environnementales, en particulier la turbidité moyenne, la profondeur et la température de surface.
Dans un second temps, une analyse du paysage, une évaluation de l’état de santé de l’herbier (paramètres de vitalité) et une cartographie fine (par photogrammétrie) sont effectuées sur dix sites géographiques. Sur un de ces sites, une analyse de l’âge des taches (datation au radiocarbone) est effectuée. L’analyse paysagère, au travers de plusieurs descripteurs (surface des données biocénotiques analysées, analyse surfacique, indice de complexité de forme), donne des informations importantes sur l’état de recolonisation des différents sites. Ainsi, certains indices (déclin, fragmentation, agrégation, recouvrement) semblent efficaces, à cette échelle-ci, pour différencier des herbiers assez dégradés des herbiers dont le processus de recolonisation après une dégradation importante (bombe, émissaire…) est bien avancé. Les photogrammétries réalisées sur les taches d’herbiers des dix sites étudiés couvrent entre 500 et 1600 m². Les taches modélisées présentent des tailles variables (0,34 à 121,03 m²). L’étude de la vitalité de ces herbiers a montré un état bon à normal sur l’ensemble des sites. La détermination de l’âge de l’herbier en périphérie comparé au centre d’un atoll, réalisé sur le site de Carqueiranne, indique des âges équivalents.
Le projet RECOVERY se poursuivra en 2024-2025 par une analyse de la dynamique évolution des atolls (petite échelle) et l’étude de la dynamique temporelle des zones de recolonisation (grande échelle).
Gwenaëlle Delaruelle, Andromède Océanologie.