STARECAPMED, UN SITE ATELIER DE R&D AU SERVICE DE LA GESTION DU LITTORAL
Le programme STARECAPMED (STAtion of Reference and rEsearch on Change of local and global Anthropogenic Pressures on Mediterranean Ecosystems Drifts) a pour objectif d’étudier, sur le long terme, les relations entre l’état des écosystèmes méditerranéens côtiers avec les processus naturels qui les régissent et les pressions locales (e.g., émissaire, estuaire etc.) et globales (changements globaux) qui les menacent. L’organigramme schématise ces relations et interactions entre processus naturelles et pressions environnementales, pour les différents « compartiments » et activités humaines suivis par STARECAPMED.
Pour répondre à cet objectif, le site atelier étudié, une baie méditerranéenne type en Corse (baie de Calvi) dispose de longues séries spatio-temporelles (depuis 1980) de données au service des différentes disciplines scientifiques. STARECAPMED vise également à tester de nouvelles approches et développer de nouveaux outils afin d’accompagner les politiques locales qui œuvrent pour la gestion et la protection de l’environnement marin, en adéquation avec les enjeux sociétaux.
C’est dans une telle démarche que de nombreux compartiments biologiques font l’objet de suivis réguliers, y compris le compartiment zooplanctonique. En effet, le zooplancton représente non seulement un élément clé de l’écosystème marin formant un maillon décisif de la chaîne trophique marine mais également une sentinelle des perturbations environnementales dont celles liées aux changements climatiques. Il apparait donc particulièrement pertinent de suivre cette composante biologique de l’environnement méditerranéen côtier sur le long terme.
Aperçu de la diversité zooplanctonique
La station marine STARESO effectue un échantillonnage hebdomadaire du zooplancton dans la baie de Calvi depuis 2004, résultant aujourd’hui en l’une des longues et rares séries temporelles méditerranéennes de zooplancton. Ces échantillons sont ensuite analysés avec un système couplant analyse d’images et classification semi-automatisée permettant d’estimer l’abondance des principaux différents taxons.
Les résultats participent à la compréhension à la fois des dynamiques cycliques annuelles du zooplancton, et en particulier du pic printanier d’abondance d’organismes, mais également des relations entre le zooplancton et les paramètres environnementaux locaux (e.g., nutriments, température) et à grande échelle (e.g., Oscillation Nord-Atlantique). Il est intéressant de noter que les périodes critiques de ces paramètres qui modulent la variabilité interannuelle du zooplancton diffèrent l’une de l’autre, et que toutes précèdent le pic printanier.
Les changements climatiques, en particulier le réchauffement global, bouleversent ces relations de cause à effet entre environnement et abondance de plancton. Ainsi, l’augmentation des températures hivernales de l’eau (+0.30°C/an sur la période 2010 – 2016) liée à une phase négative de l’indice d’Oscillation Nord–Atlantique impacte la production printanière de zooplancton. Un phénomène particulièrement extrême a aussi pu être observée en 2007.
Evolution annuelle moyenne sur 13 ans de l’abondance de zooplancton (Fig n°1) – Paramètres environnementaux influençant le pic printanier- périodes critiques et types de corrélation (Fig n°2) – Evolution des anomalies d’abondance (Fig n°3)
L’étude approfondie des dynamiques de l’écosystème zooplanctonique méritent donc d’être poursuivis, celui-ci répondant aujourd’hui déjà et de façon sensible aux perturbations environnementales qui menacent les écosystèmes marins.
Lovina Fullgrabe, Jonathan Richir, Michèle Leduc, Annick Donnay, STARESO