TEMPO : LE RESEAU DE SUIVI DES HERBIERS A POSIDONIE
La Posidonie, Posidonia oceanica (L.) Delile, est une phanérogame marine endémique de la région méditerranéenne. En raison de ses exigences écologiques, elle est reconnue par la Directive Européenne Cadre sur l’Eau 2000/60/CE (DCE) comme indicatrice de la qualité des eaux côtières de Méditerranée dans la catégorie “macrophyte”. Au cours du dernier siècle, victimes de pressions anthropiques trop importantes, les herbiers à P. oceanica ont malheureusement subi une forte régression sur l’ensemble du bassin méditerranéen, tout particulièrement autour des centres urbains et grandes zones portuaires. Afin de répondre aux enjeux de la DCE, la société Andromède océanologie, soutenue par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée & Corse, a créé en 2011 le réseau de suivi des herbiers à Posidonie : TEMPO.
(a) La fleur de P. oceanica ; (b) Trois fruits dans l’herbier ; (c) Graine et fruits de P. oceanica en train de flotter (© Andromède Océanologie)
Le réseau TEMPO s’étend sur l’ensemble de la façade méditerranéenne française, bordée par les trois régions : Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et Occitanie. Il a pour missions de promouvoir l’habitat des herbiers à Posidonie et de surveiller à long terme l’évolution de leur l’état. Chaque site est échantillonné à la fin du printemps (mai-juin) tous les trois ans avec un décalage d’un an d’une région à une autre. Des données descriptives sur l’état de santé et la dynamique des herbiers à P. oceanica sont recueillies sur deux zones caractéristiques : en limite inférieure (limite d’extension la plus profonde) et, depuis 2014, à la profondeur intermédiaire de – 15 mètres (profondeur représentative de l’herbier en Méditerranée). Au total, 96 sites de surveillance de la posidonie sont échantillonnés sur les trois régions dont 53 sites localisés en limite inférieure d’herbier et 47 sites à la profondeur intermédiaire. En 2018, la campagne de terrain TEMPO a été menée en régions Occitanie et PACA Ouest, entre Cap Sicié (Toulon) et le Grand Travers (Carnon), sur 14 sites en limite inférieure et 14 sites à la profondeur intermédiaire.
La surveillance de l’herbier à posidonie en limite inférieure prend en compte trois types de mesures : une description générale du site, une cartographie de la limite inférieure de l’herbier par télémétrie acoustique (méthode basée sur un principe d’interférométrie acoustique 3D), et des mesures de vitalité de l’herbier. Depuis 2016, une nouvelle méthode de cartographie est utilisée en complément de la télémétrie : il s’agît de la photogrammétrie. Celle-ci permet de modéliser en 3D l’herbier à partir de centaines de photographies 2D prises sous différents angles.
Herbier à P. oceanica photographié sur le littoral méditerranéen (© Andromède Océanologie)
À la PI, trois indicateurs sont utilisés pour caractériser l’état de santé des herbiers et ainsi évaluer la qualité écologique des masses d’eau côtières : le PREI (Posidonia oceanica Rapid Easy Index; Gobert et al., 2009), établi selon les exigence de la DCE et intégré au réseau TEMPO en 2014 ; le BiPo (Biotic index based on P. oceanica ; Lopez y Royo et al., 2010) et l’EBQI (Ecosystem-Based Quality Index; Personnic et al., 2014), intégrés en 2015. Les sites localisés à -15m, se situent dans l’alignement des sites TEMPO existants en limite inférieure de l’herbier.
L’ensemble des résultats concernant les trois indicateurs à la profondeur intermédiaire est consultable sur Medtrix dans le projet TEMPO. Une comparaison des indicateurs par année est disponible par l’intermédiaire de l’outil de comparaison. Vous aurez très prochainement la possibilité d’accéder aux fiches des suivis de 2017 en Corse et de 2018 en région PACA/Occitanie en cliquant sur les différents sites (carte ci-dessous). A l’image d’autres dispositifs de surveillance, TEMPO est amené à évoluer et à se tourner de plus en plus vers des indicateurs surfaciques jugés plus pertinents et représentatifs que les indicateurs de type ponctuels.
Map data copyrighted openStreetmap contributors and available from https://www.openstreetmap.org (© Andromède océanologie)
Célia Fery, l’Œil d’Andromède